La Maison de Thé, une mise en scène de Meng Jinghui
Festival d’Avignon 2019, 73e édition
Présentation
La Maison de Thé (茶馆, Chaguan) est une pièce de théâtre écrite en 1956 par le romancier et dramaturge moderne Lao She. Elle met en scène plus de soixante personnages qui se rencontrent dans une maison de thé pékinoise, au fil de trois actes correspondant à autant d’époques décisives de l’histoire chinoise. D’abord, l’année 1898 et le déclin de l’Empire, puis les années 1920 qui sont celles des « Seigneurs de la guerre », et pour finir l’après seconde guerre mondiale qui correspond à la reprise de la guerre civile. Le temps passe, le lieu perdure. La maison de thé fait miroiter les changements de la ville autant qu’elle en suggère la permanence au coeur des turpitudes de l’Histoire.
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Lao She, né en 1899, est considéré comme l’auteur du « petit peuple de Pékin ». Il est célèbre pour ses nombreux romans, poèmes et pièces de théâtre. Il enseigne à Londres et aux Etats-Unis avant de revenir en Chine en 1949, comme écrivain au service du régime communiste. Lao She est une des premières victimes de la Révolution culturelle : il meurt en 1966, officiellement suicidé par noyade. La Maison de Thé (1956) est considérée comme l’une de ses plus grandes oeuvres ; l’auteur y déploie un parlé à la fois populaire et raffiné, une langue infiniment construire, et étonnamment fidèle à l’âme du peuple chinois.
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Meng Jinghui est une figure emblématique du théâtre contemporain chinois : pionnier du théâtre d’avant-garde en Chine, il est reconnu pour son identité artistique créative, versatile, ironique et engagée, qui a ouvert de nouveaux horizons sur la scène chinoise. Il met en scène des pièces du répertoire (En attendant Godot, Le Balcon, La Cantatrice chauve, Les quatre rêves de Linchuan) comme des pièces d’auteurs contemporains (Rhinocéros amoureux, J’aime XXX, Vivre), et ses spectacles tournent dans le monde entier.
Meng Jinghui est actuellement le directeur de plusieurs festivals de théâtre en Chine, comme le Wuzhen Festival, le Beijing Fringe Festival, ou la Biennale du théâtre contemporain. Il dirige également le Théâtre du Nid d’abeille. Par ailleurs, Meng Jinghui est réalisateur, lauréat du prix spécial du jury au Festival de Locarno pour The Chicken Poet, et auteur de deux ouvrages sur le théâtre : L’archive du théâtre avant-gardiste, et L’archive du théâtre innovateur.
« Durant ma jeunesse, c’est-à-dire dans les années 1980, la culture chinoise a été influencée de façon directe, globale et profonde par la culture et l’art occidentaux. L’éducation que nous avons reçue était la suivante : « avoir le coeur tourné vers la patrie et le regard rivé sur le monde ». Les créateurs de théâtre de notre génération aspirent à représenter dans leurs oeuvres une forme d’humanisme, un esprit héroïque de liberté et d’idéalisme romantique. Je pense que ce que les artistes parviennent à exprimer en propre, c’est l’entrechoc de sentiments antagonistes qui se situent au-delà de la réalité, au-delà de tout espace ou temps donnés. »
– Meng Jinghui
La Maison de Thé
« Notre scénographe, Zhang Wu, m’a dit un jour : un cercle n’a ni point de départ ni fin. Il en va de même pour le temps et pour les hommes. La roue tournant vers l’avant et celle tournant dans le sens inverse semblent effectivement symboliser le progrès, mais aussi les forces réactionnaires qui sont à l’oeuvre en l’homme. Dans ma mise en scène de La Maison de Thé, les personnages sur scène ne changent pas du début à la fin. Leur caractère, leur impulsivité, leur pensée, leur confusion, leur indulgence et leur espoir ne se modifient pas. Trois époques, trois tourbillons et trois possibilités sont répartis sur scène selon une coupe transversale. J’en suis petit à petit venu à croire que tout ce qui se passe dans la maison de thé est un rêve. Et le rêve est la seule réalité, c’est-à-dire une réalité authentique et désinhibée.
– Meng Jinghui
Sur scène, musique électro live et comédiens livrent une performance énergique, qui s’inscrit dans la démarche expérimentale caractéristique du travail de Meng Jinghui. Le spectacle s’interroge sur ce que signifie l’humain, sur ce qui persiste au delà des lieux et des époques, tirant fécondité de la distance même qui sépare notre présent de celui de Lao She, l’auteur de la pièce. Ainsi sommes-nous placés face à une scénographie colossale, dans laquelle se déploie une structure dramatique non-linéaire, fragmentée, presque incontrôlable. Et le metteur en scène d’ajouter :
« Je considère la démarche expérimentale comme le mouvement esthétique d’une jeunesse qui ne finit jamais : enthousiasme, idéaux, vigueur, chaos et absence de retenue. Le silence est une chose terrible, et le silence des jeunes est pire encore. »
– Meng Jinghui
Pour cette 73e édition du Festival d’Avignon, qui se propose d’explorer le thème de l’Odyssée, nous voilà embarqués dans un voyage singulier : une aventure humaine, poétique et politique, à travers le temps et au-delà d’un Pékin pourtant parcouru dans toutes ses dimensions.
Informations
- Dates : du 9 au 20 juillet, à 20h (relâches le 11 et le 17)
- Lieu : Opéra Confluence, Place de l’Europe, Avignon
- Durée : 3 heures (sans entracte)
- Langue : en chinois, surtitré en français
- A partir de 14 ans
Mise en scène : Jinghui MENG
D’après un texte de : Lao SHE
Dramaturgie : Sebastian Kaiser
Scénographie : Wu ZHANG
Lumière : Qi WANG
Musique : Shan HUA
Vidéo : Zhigang WANG
Son : Shan HUA
Costumes : Lei YU
Assistant à la mise en scène : Huayi LI
Avec : Minghao CHEN, Pengyi HAN, Qing HAN, Chang LIU, Xi QI, Wei XI, Yiteng DING, Hongwei ZHAO, Jing HAN, Shuo HAN, Hongfei LIU, Lin CHEN, Yudi WANG, Juncheng ZHANG, Junyi LIU, Zhiming ZHANG, Jingwen LI, Hongyu ZHANG, Yu TIAN
Production : Men Theatre Studio
Coproduction : Hybridités France-Chine
Ouverture de la billetterie en ligne du Festival d’Avignon 2019 : le 11 juin
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